de Ceal Floyer
(Creuser), 1995

Artiste
Ceal Floyer

Titre
Titre de travail (Creuser)

Année de création
1995

Année d'acquisition
2008

Dans ses œuvres conceptuelles, Ceal Floyer prend principalement comme point de départ des objets et des situations du quotidien. Par des interventions que l’on ne remarque qu’au deuxième coup d’œil, cela crée des irritations qui semblent contredire l’expérience normale. L'installation sonore de Floyer Working Title (Digging) joue avec nos attentes quant à ce que nous entendons. Sur le plan visuel, l'œuvre démontre son caractère technique : au sol se trouve un lecteur CD, au-dessus duquel se trouve un amplificateur, auquel sont reliés deux haut-parleurs par des câbles à droite et à gauche. Contrairement à l'installation d'une chaîne hi-fi dans le salon, les deux enceintes ne se dressent pas verticalement, mais leur façade pointe vers le plafond. Ils deviennent ainsi des cuboïdes noirs rappelant des œuvres d’art minimal, disposés dans la pièce à une certaine distance les uns des autres.
Deux sons différents et alternés proviennent des haut-parleurs. Tandis que l’un émet un ton plus sombre et légèrement métallique, l’autre émet un son bref et bruissant. L'interaction se traduit par une fréquence d'horloge courte et soutenue, que le spectateur perçoit mieux lorsqu'il se positionne au milieu devant les sources sonores. Un coup d'œil au sous-titre révèle que ce rythme est le son de creuser avec une pelle, que Floyer a divisé en deux canaux de lecture stéréo. A droite, la pelle perce la terre, qui est ensuite projetée selon un arc imaginaire vers la gauche pour atterrir en un tas également invisible.

Le fait que ce processus et la trajectoire du jet de gravier se produisent automatiquement dans l'imagination du spectateur est dû à l'ordre sonore des choses : les gens étant habitués à associer des objets et des êtres vivants à des bruits significatifs, il suffit d'entendre ces sons pour les évoquer. visuellement. Comme pour Floyer, cet effet peut être renforcé par la possibilité d'enregistrer et de reproduire techniquement le son, car cela permet d'isoler chaque son de son origine temporelle et spatiale d'origine. De plus, des sons qui ressemblent à ces bruits peuvent être générés artificiellement. Parce que nous ne savons pas si la bande sonore a réellement été enregistrée lors du creusement ou si Floyer l'a créée de manière complètement différente. Vue sous cet angle, l'installation Working Title (Digging) illustre le potentiel associatif du son pur et son influence sur notre imaginaire. Le nom de l’œuvre l’indique également ; le terme « titre provisoire » peut être compris de deux manières.

fait allusion au travail concret et physique du creusement et, d'autre part, il décrit un processus qui commence tout juste à émerger - en l'occurrence comme une illusion aux oreilles de chaque individu.